Après avoir parlé des éventuelles futures tendances en design graphique pour 2018 (article ici), je me rends compte qu’il serait peut-être bon de regarder certains points plus en détails. En effet, nous sommes en pleine période de transition. Le Flat Design rend peu à peu les armes pour laisser sa place au Flat Design 2.0 … Au Material Design pardon. Bien sûr, il n’est pas question d’asséner une vérité unique, seulement de faire un constat depuis ma simple situation de graphiste. En effet, il est impossible d’avoir le fin de l’histoire du numérique, nous avons tous contribué à son évolution, vous comme moi, aussi bien en le créant qu’en l’utilisant. Commençons par un bref état des lieux.
Skeuomorphic Design
Le Skeuomorphic Design, était déjà présent dans les années 2000, il a surtout explosé avec l’avènement du numérique (web, ordinateurs, téléphone…etc.) peu avant les années 2010. Il faut dire que si ce design ne fonctionne pas totalement sur papier, il trouve tout son sens sur écran où les effets de textures et de lumières (les effets 3D en somme) sont bien plus réalistes. Le but de ce design est une représentation très réaliste des éléments qui nous entourent dans notre monde réel.
Avec le Skeuomorphic design on a l’impression que ces pictogrammes sont réels, qu’on pourrait les toucher! Cela est évidemment très intuitif puisque que la compréhension est immédiate, l’utilisateur comprend facilement que c’est un bouton et ce qu’il actionne.
L’intérêt de ce design est qu’il est très intuitif et rend n’importe quel support (ordinateurs, téléphones…) très ergonomique pour son utilisateur. Les éléments sont très familiers facilitant ainsi l’interaction avec l’utilisateur. Ce design a été très apprécié par Apple, qui on le sait (et qu’on les aime ou non) sont très bons en ergonomie. Au début de l’informatique, ce design était très explicatif, c’est d’ailleurs pour cette raison qu’il a été choisi par Steve Jobs car il permettait d’initier des millions de gens à l’informatique. Mais aujourd’hui dans l’ère du numérique, combien de personnes ont besoin d’autant d’indications pour comprendre la fonction de tel ou tel bouton? De plus, ce design a également un autre problème: il est long à produire ce qui implique qu’il est difficile à modifier rapidement. J’ignore si c’est la raison officielle mais le numérique (le web en particulier) bouge très vite, je ne serai pas surpris d’apprendre que ce design « lourd » a été un frein pour les créatifs numériques.
À cela, ajoutez le fait que Microsoft cherchait depuis des années à consolider sa base de fans et à endiguer les vagues de créatifs (surtout) allant chez Macintosh et vous obtenez le Flat Design.
Flat Design
La simplicité absolue, les designers ont estimé que les interfaces graphiques ne devaient reproduire ce qui était réel, mais qu’elles devaient plutôt aller à l’essentiel et faciliter l’interaction avec son utilisateur.
Ce design devient réellement connu du monde entier avec la sortie de l’OS Windows 8 en 2012. Ce nouveau design se base sur des formes simples, des couleurs (assez) vives et des jeux de typographie. Le flat design privilégie avant tout la simplicité et l’efficacité. Pourtant l’interface ModernUI de Windows 8 peine à séduire dans un premier temps et affecte l’image du Flat Design, jugé régressif car manquant d’ergonomie. Les différentes éléments étant plats et prêtant à la confusion, les couleurs flashies et incohérentes de l’OS n’aideront pas à apprécier ce nouveau venu. Ce design simple et épuré sera également critiqué pour son minimalisme exacerbé (on se souvient notamment de la disparition du bouton démarrer sacrifié sur l’autel de la simplification extrême). La transition est bien trop brutale. Microsoft corrigera le tir avec Windows 8.1, qui assurera une transition plus douce pour ce nouveau design.
Le tems passe et de plus en plus de personnes réalisent que le Flat Design n’est pas que Windows 8 et qu’il présente beaucoup d’avantages. Les couleurs sont vives, certes mais elles peuvent tout à fait être cohérentes entre elles. Sa simplification permet de s’adresser au plus grand nombre et accepte les modifications bien plus facilement. Il s’adapte aux différentes et nombreuses tailles d’écran, la simplification du design permet de meilleures compressions de fichiers et son utilisation est parfaitement compatible avec les images vectorielles (pour les logos, pictogrammes et illustrations notamment). C’est également ce design qui va permettre (selon moi) l’avènement du Motion Design: une vidéo est bien plus simple à gérer en Flat Design qu’en Skeuomorphic.
Même l’absence de relief est finalement acceptée. En contrepartie on joue davantage sur les contrastes, les couleurs et les formes. De nombreux travaux utilisant des méthodes de filigranes s’associent parfaitement au Flat Design.
Google suivra la tendance, et n’hésitera pas à adapter le logo de son navigateur web ainsi que le design de ses nombreuses plateformes (Gmail, YouTube). De son côté Apple fan du précédent design réalisera la transition en douceur pour ne pas brusquer ses utilisateurs. Avec iOS7 (2013), le design de l’OS est clairement orienté Flat Design, mais comporte encore de nombreux éléments de relief (reflets, bords arrondis, dégradés bien que réduits au strict minimum).
Malgré cela, des éléments jadis disparus refont surface: les ombres et les dégradés chromatiques en tête. Si l’ajout s’intègre bien au Flat Design actuel, c’est Google qui va en faire une nouvelle évolution du Flat Design: Le Material Design.
Material Design
L’idée de relief refait son apparition, les éléments se superposent. Source: anthedesign
Présenté pour la première fois en juin 2014 à San Francisco lors de la conférence Google I/O, ce design a pour but de faciliter l’utilisation des applications Android. Les maîtres-mots sont les mêmes que ceux du Flat Design: simple, épuré, intuitif. Ainsi le relief refait son apparition après des années d’absences au grand dam des aplats. L’évolution entre ce concept et son prédécesseur est notable mais doit-on parler de Flat Design 2.0 ou de Material Design ? Aujourd’hui encore la question reste floue, ce nouveau design n’ayant pas encore le temps de réellement se répandre sur nos écrans il est difficile de l’analyser. Néanmoins quelques changement son visibles.
Flat design 2.0 ou Material Design ? La question se pose…
La plus grande force de ce design est évidement son minimalisme (les « Keep It Simple Stupid » et « Less is more » n’auront jamais été aussi bien portés) mais également la présence de relief qui faisait défaut au Flat Design lors de son lancement. Du Flat et du Skeumorphic Design mélangés ou le meilleur des deux mondes, pourquoi pas.
Pour finir, puisqu’une image vaut mieux que mille mots, un récapitulatif des différentes tendances de design graphique de ces dernières années:
source: La Mobilette Jaune
Un avis sur “Les différents courants du Design Graphique”